8 octobre 2013

Ketambe #1, la jungle primaire

Le 23 septembre nous quittons le pays Batak et le lac Toba pour le pays Gayo et le petit village de Ketambe, au coeur du parc national du gunung Leuser. C'est le point de départ idéal pour explorer la forêt équatoriale pluvieuse, ou "jungle".


Le trajet de Toba à Ketambe nous prend 11 heures dans 4 minibus différents, tous plus pourris les uns que les autres, sur des routes défoncées, bref la routine habituelle. Nous finissons le trajet dans un labi-labi (genre de pick-up couvert à l'arrière) avec des jeunes filles qui reviennent de l'école. A Ketambe, nous trouvons facilement la guesthouse, Wisma Cinta Alam, où nous voulons aller. On loge dans un joli bungalow, au milieu d'un beau jardin au bord d'une rivière.


Le lendemain nous programmons un trek de 6 jours dans la jungle avec le gérant de la guesthouse qui est un guide chevronné et qui a une bonne équipe de jeunes guides.
Ensuite nous faisons un petit tour dans le village. Les gens sont très accueillants, ils nous montrent leur récolte de cacao qui sèche au soleil, les enfants jouent au foot et se lancent le défis de sauter depuis une rambarde jusque sur un tas d'épis de maïs. Ici sont produits du cacao, du café et des fruits. Une dame nous offre une goyave qu'elle vient de ramasser, on se régale et sa petite fille aussi.





Le 25 septembre nous partons donc pour 6 jours dans la forêt avec un guide et 2 porteurs, Hatia, Sabri et Domok (allias speedy, on comprendra vite pourquoi). Première difficulté de la journée, il nous faut traverser une large rivière. On y va pas par 4 chemins, tous en slip et on traverse. Le fond est jonché de gros galets glissants, le courant est rapide et le niveau de l'eau atteint notre taille (pas de remarques désobligeantes, nous sommes au-dessus de la taille moyenne en Indonésie). Nos 3 accompagnateurs ont l'habitude et les pieds tannés, ils passent facilement même avec les sacs. Pour nous et nos pieds tendres c'est un peu plus dur et douloureux.


Ensuite, nous marchons en forêt et mangeons au bord d'un petit ruisseau.

Puis nous traversons une seconde rivière et nous arrivons sur la zone de notre campement. Nous devons théoriquement y passer 5 nuits et explorer les alentours. La rivière est très belle et rafraichissante.


Le camp est monté rapidement grâce à l'efficacité de Speedy. Nous dormons tous les 5 sous des bâches plastiques qui forment une pseudo tente. La cuisine se fait au feu de bois, nous mangeons très bien pendant ces 6 jours et nous avons même droit, de temps en temps, à du poisson pêché par Sabri.


Le soir, en parlant avec le guide, nous en apprenons un peu plus sur la vie locale. Pour se marier, le garçon doit demander la main de la fille au père et payer une certaine somme assez élevée et variable. Elle dépend de la beauté de la fille et sa profession. Cela peut atteindre 25 millions de Ripiah soit 1700€ si elle est belle et a une bonne situation. Si elle n'a ni travail ni un bon physique, elle ne "coûtera" que 8 millions, soit 550€, ce qui est déjà beaucoup pour un jeune indonésien de Ketambe. Hatia nous fait une démonstration de chant et de danse traditionels Gayo.

Les 2 jours suivants notre arrivée sur le site, nous partons avec le guide explorer la magnifique forêt primaire et ses arbres immenses, de plus de 60m, couverts de lianes et de ficus qui grimpent et s'enroulent autour du tronc.  





Nous tombons sur une belle araignée, divers insectes, un beau scolopendre, plein de papillons et une tortue.







Nous avons aussi droit aux sangsues qui se trouvent sur les chemins et la végétation et qui nous grimpent dessus. C'est pas très agréable mais c'est compris dans le package "trek dans la jungle". La parade est de porter des genres de guêtres et de bien rentrer sa chemise dans le pantalon, c'est vraiment la classe, mais la protection n'est pas infaillible.



Nous voyons deux orang-outans qui se nourrissent et se baladent dans les branches.



Tous les jours nous passons devant une raflesia, la plus grosse fleur du monde. Celle que nous observons n'est pas la plus grosse espèce, mais elle a déjà une belle taille. Nous avons la chance de pouvoir suivre l'évolution de son ouverture.





Le 2ème jour, un malheureux incident c'est produit. En fin d'après-midi en allant nous balader au bord de la rivière nous trouvons, à une centaine de mètres du camp, les 2 porteurs affairés à vider une tortue qu'ils cuisineront le soir même. Nous comprenons qu'il s'agit de la tortue que nous avions observée quelques heures plus tôt. Édith est assez secouée, ça lui fait beaucoup de peine, Boris est quant à lui, plutôt en colère. Nous revenons vers le camp. Le guide essaye d'abord de nous faire croire que ce n'est pas la même tortue. Puis il nous explique que c'est un animal très recherché et très cher car il a diverses vertus médicinales et énergétiques. L'idée de stopper le trek nous traverse l'esprit mais nous nous ravisons : ici ils mangent des tortues comme nous nous mangeons un lièvre. Ils n'avaient certainement pas le droit de tuer une tortue dans le parc national mais la notion de zone naturelle protégée n'est pas la même qu'en France, on le remarque depuis 2 mois en Indonésie. De plus, si nous stopions le trek, l'employeur du guide et des porteurs ne les aurait jamais réembauchés, les privant ainsi d'un revenu dont ils ont vraiment besoin dans cette région pauvre de Sumatra. Il n'y a pas de photos de cet épisode dans l'article, mais pour les amoureux d'anatomie reptilienne, les photos sont sur picasa (âmes sensibles s'abstenir).

Dans cette zone dite "secrète", comme ils l'appellent, il y a finalement peu de vie sauvage actuellement car ce n'est pas la saison des fruits. Après 2 jours d'exploration sans voir plus d'animaux, nous décidons d'aller sur une autre zone, qui s'appelle la zone Gurah. Normalement il y a plus d'animaux mais la forêt est un peu moins belle, c'est une forêt secondaire. Nous voilà donc reparti pour une (courte) journée de marche. Cela pourrait être fait en 3h mais il faut faire une pause cigarette de 10min toutes les 20min environ. Les indonésiens fument tous, en prés de 2 mois de voyage nous n'avons jamais rencontré un homme qui ne fumait pas. En arrivant dans la zone Gurah, il y a plein d'arbres en fruits, c'est bon signe pour espérer voir des animaux.


A suivre...

6 commentaires:

  1. Le rythme de vos reportages s’accélère, est-ce le signe que vous arrivez dans des contrées mieux équipées en réseaux ?
    J'aime la complémentarité entre la vie des villageois que vous nous montrez et la vie sauvage de la forêt primaire.
    Les photos qui illustrent le texte sont impressionnantes sans parler des 168 photos qui sont sur l'album.
    J'ai particulièrement apprécié de voir la croissance de la raflesia, mais aussi les papillons, l'araignée...un peu moins les sangsues.
    Tout est hors norme, les petits hommes verts (photo 51) donnent l'échelle d'arbres fantastiques.
    J'attends la seconde partie, plus d'animaux sont annoncés !

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    1. En effet en Thailande le wifi est partout et on essaye de ratrapper notre retard parce que le Laos promet aussi de belles choses à raconter.
      Les arbres étaient à la hauteur de ce que l'on imagine de la jungle depuis la France.
      A+

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  2. Je redoutais que vous ayez maille à partir avec des petites bêtes (je pensais moustiques, araignées...) mais pas avec des sangsues... N'avez-vous pas eu peur de dormir sous cet abri sommaire en pleine jungle? pas peur d'être attaqués par des grosses bêtes qui en auraient voulu à vos provisions, ou par un serpent ou une grenouille venimeuse? Pas peur non plus des bêtes aquatiques (y a t-il des croco ou des piranhas dans ces coins?) ou des parasites dans l'eau? Vraiment sur ces photos, on se rend compte de la densité et de l'immensité de la végétation... C'est magnifique et angoissant à la fois...L'humain se sent tout petit face à cette nature grandiose. Bisous. A bientôt.

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    1. A notre grand étonnement on a vu très peu de moustiques. Dès la nuit tombée plein de petites betes grouillent au sol mais pas de quoi nous affoler ou voler nous provisions.
      Il y avait un feu de camp pour prévenir de notre présence les grosses betes (tigres et léopard) et éviter qu'elles s'approchent (dixit le guide).
      Ce sont de beaux torrents limpides et propres et pas de piranas ni de crocos dans ces eaux rapides, par contre les parasites on sait pas.
      Bisous

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  3. J'imagine que l'épisode de la tortue a du être assez marquant. Boris a l'air si enjoué de la porter sur la photo. Par contre, l'histoire ne nous dit pas si vous en avez gouté?
    Pour des amoureux de la nature, cette excursion restera mémorable dans votre périple. Avec toutes ces "petites" bêtes autour de moi, je ne serais pas rassurée à votre place (je parle des insectes bien sûr).
    Bises

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    1. Toi tu as toujours la question qui tue ! Boris, qui aime les nouvelles expériences, considérant que de toute facon il était trop tard pour sauver Caroline a gouté la viande marinée au sel et au citron et cuite au feu de bois. Et Malheureusement pour les tortues, leur chair est succulente...
      Bises

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