Transsibérien Moscou-Irkoutsk, l'épreuve de patience

Lundi 17 à 13h, nous avons embarqué dans le transsibérien pour 87 heures de voyage (4 nuits et 3 jours et demi), 5185 km et 5 fuseaux horaires. Notre départ s'est fait sous la pluie. Tout le monde attendait, détrempés sur le quai, de pouvoir entrer dans le train. Nous nous sommes dit que ça commençait bien, ça allait sentir le chien mouillé dans tout le wagon. En fait quand on baigne dans une odeur on ne la sent plus et c'est tant mieux.

Le train est moins récent que celui pour Moscou. Il fait aussi beaucoup de bruit en roulant. Dans chaque wagon il y a deux "hôtesses" qui se relaient tout au long du voyage pour gérer le wagon : contrôle des billets, distribution des draps, alimentation du feu du samovar (réserve d'eau chaude), nettoyage et vente de choses à boire et manger. Quelques photos de l'intérieur du train et de notre installation. Les banquettes sont relativement petites, tout juste adaptées à notre taille, ça ne doit pas tellement être confortable pour les plus grands.

Les toilettes, difficile de se laver (pas de douche)

Préparation du repas qui consiste à ajouter de l'eau aux pâtes

Au départ nos voisins de couchette était une grand-mère, sa fille et son petit fils de 8 ou 9 ans. Il se faisait souvent réprimandé par l'une ou par l'autre alors que nous on le trouvait très sage. Ils nous ont quittés au bout de 24h de voyage. Une mère et sa fille, apparemment très tristes de partir, les ont remplacées. Elles étaient très gentilles, ont essayé de discuter mais nous ne comprenions pas grand chose. Elles nous ont offertes des bananes et des amandes (on devait faire un peu pitié...)

Le matin du troisième jour, un groupe d'ouvriers russes rentrants sûrement de leur semaine de travail, ont attaqués le petit dej' au pied de nos lits. Au menu, saucisses, viande séchée, poissons et surtout bière et vodka... en quantité soviétique. On a un peu échangé avec eux, mais la barrière de la langue est difficile à franchir lorsqu'on a aucun mot en commun. On a eu droit à l'énumération de toutes les personnalités françaises qu'ils connaissent et ils en connaissent pas mal. Au final, Boris a eut droit a un bout de saucisse et de la vodka. Quand ils ont compris que Boris était géologue, un des hommes est venu lui apporté un caillou qu'il devait croire précieux car il brillé. C'était en fait un bout de pyrite et quand Boris le lui a dit il avait l'air assez déçu.

La mère et sa fille sont parties avant notre 3ème nuit dans le train. Entre temps une jeune fille et son fils de 3 ou 4 ans, très bavard, se sont installés sur la couchette de l'autre côté du couloir. Son fils était très mignon mais ne tenait pas en place, il fit un peu d'animation. Il nous parlait mais on ne pouvait pas lui répondre, je ne sais pas s'il pouvait s'imaginer qu'on ne puisse rien comprendre à sa langue.

Il semblerait que nous étions les seuls étrangers du wagon.

Le voyage s'est bien passé, on a eu parfois chaud, du mal à dormir le soir car on dormait de temps en temps dans la journée et à cause du bruit du train. Nous avons bu du thé et nous avons beaucoup lu : À marche forcée de Slavomir Rawicz pour moi et Voyage d'un naturaliste autour du monde de Charles Darwin pour Boris, puis nous avons échangés (merci Philippe C. pour ce conseil de lecture et merci Loïc pour cette belle inspiration d'avoir offert ce bouquin de Darwin). On a un peu joué, mais Boris perdait souvent du coup ça n'a pas duré. Heureusement la tablette tactile était là pour m'occuper à écrire des articles pour le blog. De temps en temps lorsque le train s'arrêtait en gare nous sortions prendre l'air. Une fois à cette occasion Boris s'est acheté du poisson et j'ai voulu goûté à des sortes de galettes au poisson. Le poisson était bon, les galettes un peu moins. Nous avons également acheté des concombres pour changer un peu de pâtes. Dans le train, une dame nous a fait goutté à une sorte de beignet fourré au chou et aux carottes qui était très gras mais pas mauvais du tout.

Les paysages le long du transsibérien, entre Moscou et Irkoutsk, sont finalement assez monotones malgré la distance parcouru. Les paysages sont d'abord plats ou légèrement vallonnés, soit avec de la taïga (forêt de bouleaux et de conifères) soit avec de grandes zones humides (prairies, marécages, roselières et quelques lacs). Le troisième jour il apparait un peu de relief, ça ressemble un peu à la Meuse pour ceux qui connaissent, ce qui nous permet de confirmer très scientifiquement que Bure est une enclave sibérienne en France.

Puis cela redevient plat, les habitations et le nombre de villes augmentent sensiblement et le relief s'accentue à l'approche d'Irkoutsk.

Nous sommes arrivés à Irkoutsk vendredi 21 à 9h30 (heure locale). Une personne de l'agence dans laquelle nous avons acheté les billets de train nous attendait sur le quai pour nous donner les billets pour Oulan-Bator (ces billets ne sont pas électroniques à la différence des précédents). Elle nous a aussi indiquée le bus à prendre pour rejoindre le port d'Irkoutsk. Une fois là-bas nous avons pris le bateau pour Listvyanka.

Conclusion : ce pays est vraiment grand... la mappemonde ne mentait pas. Boris a été finalement très patient.

Records battus durant ce trajet : lire un bouquin de 300 pages en 2 jours (Boris), passer 4 jours sans la moindre douche (Boris et Édith), passer environ 100 heures avec le même caleçon (Boris, pourquoi changer si on ne prend pas de douche ?).