Siem Reap, visite d'une magnanerie

Le 8 novembre nous quittons l'île de Don Kon sous un magnifique soleil. A la gare routière de Ban Nagasang un bus pour Siem Reap au Cambodge nous attend. Les formalités pour le passage de la douane sont faites ici pour l'ensemble des passagers.

Le bus part, il est 10h. Normalement il doit arriver dans la soirée, vers 22h, à Siem Reap. Nous passons la frontière à pieds. Elle semble être au milieu de nulle part, seuls deux énormes bâtiments encore en travaux matérialisent les frontières Laotienne et Cambodgienne. Nous patientons une bonne heure que les formalités se fassent puis remontons dans le bus. Nous mettons 6 heures à faire le premier tiers du trajet, la route est en piteux état. A 21h nous en sommes à la moitié et changeons de bus au beau milieu d'une ville. Nous arrivons à Siem Reap, il est 2h du matin. Un tuk-tuk nous amène dans le quartier où on espère trouver une guesthouse, vu l'heure tardive ça ne va pas être évident. La première ne répond pas. Dans la seconde une personne nous ouvre mais c'est plein. La troisième est la bonne, vue l'établissement on se dit que ça va être cher mais on ne va pas faire les compliqués à cette heure-ci. Finalement les prix sont corrects et le service impeccable, nous y restons tout le long de notre séjour à Siem Reap.

Le lendemain de notre courte nuit, nous faisons un tour en ville et visitons les Chantiers écoles où des jeunes issus de milieux défavorisés sont formés à la sculpture sur pierre et sur bois, la peinture sur soie traditionnelle, etc.

Les ateliers organisent aussi la visite d'une magnanerie (fabrique de soie), on saute sur l'occasion. Cette visite guidée est très intéressante et instructive, nous n'avions qu'une vague idée de comment est fabriquée la soie. Voilà un résumé et quelques explications concernant sa fabrication depuis l'élevage du ver à soie jusqu'au tissage. 

D'abord les vers sont nourris de feuilles de mûrier (ils ne mangent que ça). Les mûriers sont cultivés sur place en plein champ. 

Les vers sont élevés sur de grands plateaux pendant 24 jours. Il faut 1kg de feuilles par jour pour nourrir 300 vers et il y en a des millions ici. Sur la photo il y a environ 300 vers et ils ont quelques jours.

Un panneau en français résume toutes les explications du cycle de la vie du vers à soie.

Au bout de 24 jours les vers commencent à fabriquer leur cocon, ils sont alors placés sur un support spécial.

10 à 12 jours après, les vers ont terminé leurs cocons. Naturellement le ver se transforme en papillon puis fait un trou dans son cocon pour en sortir. Mais ici, pour conserver le cocon intact (il est formé d'un seul fils de soie), les vers sont tués en exposant les cocons au soleil. Le cocon est formé de deux qualités de fils : une qualité grossière à l'extérieur et une qualité fine à l'intérieur. Par cocon, on compte environ 100m de fils de qualité grossière et 300m de fils de qualité supérieure (fine). Pour extraire le fils, les cocons sont plongés dans l'eau bouillante. Un petit outil, une sorte de brosse au bout d'un manche en bois, permet d'attraper le début des fils de soie. Les premiers 100m sont extraits puis les cocons sont plongés dans une eau moins chaude pour extraire les 300m restants.

Le fils de soie cambodgien est naturellement jaune. Cette couleur est due aux feuilles de mûrier que mangent les vers. Le fils de soie chinois, par exemple, est quant à lui blanc car les vers se nourrissent d'une autre espèce de mûrier. Mais cette couleur jaune n'est pas permanente, le fils est donc décoloré est devient blanc. Après avoir été décoloré, le fils est soit mis en bobine tel quel, soit coloré.

La coloration peut se faire à partir de produits naturels (fibre de noix de coco, feuilles de bananiers, résine,etc.) ou de produits chimiques (les couleurs seront plus permanentes). Le fils est soit coloré uniformément soit coloré de différentes couleurs pour réaliser des tissus à motifs. C'est un travail très minutieux : le fils est mis sur un support, le motif est reproduit et des bouts de scotch sont positionnés sur les zones qui ne doivent pas être colorées. Après le premier bain de couleur les scotchs sont déplacés et un deuxième bain d'une couleur différente est réalisé. Et ainsi de suite jusqu'à que l'ensemble des colorations soient faites. Ces fils sont ensuite mis sur de petites bobines.

Les fils de couleur unis sont filés sur de plus grosses bobines. Des bobines de plusieurs fils (environ 200 sur la photo) sont fabriquées pour être utilisés pour ce qui va constituer la trame verticale du tissus sur les métiers à tisser.

La visite se termine par le grand atelier rempli de métiers à tisser où des femmes (et un homme) tissent la soie (nous sommes dimanche, l'atelier est un peu vide). L'explication du fonctionnement d'un métiers à tisser est bien trop compliqué mais leur travail est vraiment impressionnant.
Pour faire 2m de tissus avec des motifs il faut environ 2 jours et cela est payé 3 USD. Les employés travaillent 8 heures par jour, 6 jours sur 7 et sont payés aux mètres réalisés. Cela correspond à environ 150 USD par mois ce qui est un salaire moyen au Cambodge.

Nous sommes bien contents d'avoir pu faire cette visite instructive et nous nous sentons moins bêtes. 

Après ça, nous louons des vélos et allons acheter nos tickets "3 jours" pour la visite des temples d'Angkor. Nous avons le droit d'aller sur le site gratuitement pour le coucher du soleil. Même si le temps est nuageux et que le coucher de soleil n'est pas extraordinaire nous ne pouvons pas résister à la curiosité d'aller voir Angkor Vat, mais la visite ce sera pour les 3 prochains jours.