5 mars 2014

Atacama #2, toujours plus haut

Le désert d'Atacama ce n'est pas seulement des lagunes, des salars, des étendues de terres arides et des roches aux érosions spectaculaires. Il y a bien d'autres choses encore à découvrir.


La seconde moitié de notre séjour à San Pedro débute aux aurores. Quand le mini-bus passe nous prendre à l'hôtel il est 5h30 du matin, le soleil n'est pas encore levé. Pendant le trajet nous prenons de l'altitude, nous allons une nouvelle fois sur l'Altiplano. Il est 7h30 quand nous arrivons sur le site des geysers de Tatio à 4320m d'altitude, c'est le champ de geysers le plus haut du monde.


Il fait très froid, -6°C, mais c'est le matin tôt, lorsque l'amplitude thermique entre l'eau des geysers et l'atmosphère est la plus grande, que les nuages de vapeurs sont les plus hauts et, par conséquent, que le spectacle est le plus beau. Nous marchons au milieux des sources chaudes qui bouillonnent et sourdent du sol.



Certaines forment avec le temps des concrétions étonnantes.




D'autres sont colorées par la présence de bactéries thermophiles. Des analyses ont montrées la présence de 16 bactéries différentes à la sortie d'une seule et même source.



Le soleil se lève et la lumière se mêle aux fumeroles.




Puis nous allons dans un autre coin du champ de geysers, un peu plus aménagé, où certains jaillissent, mais pas vraiment très haut, tout au plus quelques dizaines de centimètres.

Des rivières d'eau chaude se créent à la sortie des sources formant des lignes de nuages de vapeur.

Pour finir, nous faisons trempette dans un bassin d'eau chaude aménagé pour la baignade.

A la sortie du champ de geysers nous croisons des vigognes et un renard qui attend que des touristes veuillent bien lui donner quelque chose à manger (on a déjà vu ça quelque part).


Sur la route du retour à San Pedro, le bus fait un arrêt au bord d'une lagune où pessent des lamas.


Puis au bord d'une autre où il y a toutes sortes d'oiseaux.

Un dernier stop nous permet d'admirer des cactus géants, Equinoxis atacamensis. Ils grandissent de 3mm par an, les bonnes années, certains spécimens ont plus de 1000ans.
Comme ça on dirait pas,



mais ils sont vraiment gigantesques.


La journée du 18 est un jour particulier. Nous parcourons en VTT une quinzaine de kilomètres pour atteindre la laguna Cejar.


Jusque là, rien d'original. C'est une très belle lagune, un trou d'eau profond sur le bord duquel se forment des concrétions de sel. L'eau est parfaitement immobile.




Mais voilà, à côté de cette lagune se trouve une autre lagune, la laguna Piedra dans laquelle la baignade est autorisée. Un phénomène incroyable se déroule alors sous nos yeux ébahis : Boris réussit à faire la planche, sans bouger, il flotte ! C'est la première fois de sa vie.


Et sa marche aussi pour Édith mais c'est beaucoup moins impressionnant.
Là, elle essaie de se fondre dans le paysage en immitant le flamant rose, à moins qu'elle trouve l'eau un peu fraîche.


Même en boule on flotte.

En plus nous avons notre petit bassin presque pour nous tout seuls, on le partage avec quelques compagnons ailés, un vrai régal.



En tout cas, c'est un phénomène extra, on flotte tellement dans cette eau saturée en sels qu'il est difficile de nager. Ça nous a bien amusé.

Le soir, un rendez-vous avec les étoiles nous attend et pas avec n'importe qui, nous passons la soirée avec Alain Maury, un célèbre astronome français, découvreur de comètes, et installé à San Pedro. Il nous parle du ciel, de l'histoire de ce ciel bien mystérieux pour nos ancêtres, des constellations, des différences entre l'hémisphère sud et l'hémisphère nord, etc... et tout ça avec beaucoup d'humour. Puis nous observons le ciel à travers des télescopes, il en possède une dizaine qu'il met à disposition pour observer Jupiter, la lune, des amas d'étoiles, des nébuleuses, etc.



La soirée se termine chez lui autour d'un chocolat chaud. Une soirée très intéressante.

La journée du 20 février, notre dernier jour à San Pedro, commence très tôt. Nous partons de l'hôtel vers 5h15 à bord d'un 4x4 accompagnés d'un guide et de deux autres touristes. Nous roulons un peu plus d'une heure avant de s'arrêter pour prendre un petit déjeuner, il fait nuit noire et très froid. Nous repartons et roulons encore une bonne heure et demi sur une piste cahoteuse et qui grimpe fort. Le soleil se lève doucement. La voiture s'arrête, nous en descendons, nous sommes à 5500m d'altitude. Dès les premiers pas on sent que l'on est plus à 2400m à San Pedro, l'oxygène est rare et un effort, même minime, nous fait tourner la tête. Nous commençons à marcher, il fait froid, on manque d'air. Les 5 premières minutes sont difficiles, Édith se demande ce qui nous a pris de vouloir venir jusqu'ici. Un petit arrêt pour reprendre son souffle, le coeur bât vite et tambourine fort, puis on repart. Chacun trouve son rythme, les pas sont lents et mesurés, la respiration est ample, tout va bien. On monte lentement mais sûrement.


A 5600m, le soleil pointe son nez et nous réchauffe, ça fait du bien, on commence à avoir une belle vue.
 

Pendant l'ascension, qui dure 2h30, alternent moments de mal-être à cause du manque d'oxygène et moments de bien-être, presque d'euphorie, c'est certainement l'adrénaline. Nous montons maintenant à travers de gros rochers, il n'y a pas de chemin, c'est un peu technique. En plus de l'effort que demande l'ascension, nous devons réfléchir où poser les pieds, à cette altitude c'est éprouvant, le cerveau est loin d'être aussi efficace que d'habitude, il est difficile d'être concentré, encore plus réfléchir. La difficulté est vraiment de gérer l'effort, on ne peut pas accélérer et simplement souffler un peu plus comme à basse altitude. Lorsqu'on fait un ou deux pas un peu trop rapides, ou qu'on monte une marche un peu trop haute, la tête se met à tourner. Le but est de ne pas consommer trop d'oxygène dans les jambes, il faut en garder pour le cerveau... (erreur que font souvent les footballeurs professionnels).


La lune se couche au-dessus du sommet.


Nous arrivons au sommet en "pleine forme", très heureux et un peu fiers d'y être parvenu. Le guide nous dit que nous sommes un bon groupe car 3 sur 4 y sont arrivés alors qu'en moyenne 60% de se qui entreprennent l'ascension atteignent le sommet. Nous sommes sur le Sairecabur à 5971m d'altitude, presque 6000. Il fait beau, il n'y a pas de vent, nous apprécions pleinement la vue exceptionnelle à 360° qu'offre ce sommet, ou plutôt ce tas de gros cailloux. L'effort est bien récompensé.

Du nord au sud, une chaîne de volcans dont le beau Licancabur (à la droite d'Édith sur la photo), tout proche et très impressionnant, qui culmine à quelques dizaines de mètres en dessous d'où nous sommes.

 

A l'Ouest le désert d'Atacama.

A l'Est l'Altiplano, l'Argentine et la Bolivie.

Nous redescendons prudemment. Le mauvaise oxygénation du cerveau donne la sensation d'être saoul, notre démarche est légèrement titubante et les mains sont d'une grande aide pour passer d'un rocher à l'autre. Il faut faire très attention, c'est pas l'endroit idéal pour se casser une jambe.


Nous retrouvons le 4x4 et on redescend vers San Pedro, pas mécontent de retrouver une atmosphère plus agréable, ou plus humainement compatible.

Le 21 février, nous prenons un bus, direction l'Argentine puis la Bolivie, mais ça c'est une autre histoire.

11 commentaires:

  1. Waou ! plusieurs photos m'ont laissé sans voix, ma préférée reste celle de Boris qui flotte ;-). Juste une petite question, vous aviez atteint quelle altitude dans l'Himalaya ? les sensations physiques étaient-elles identiques ?
    Gros bisous des bretons !

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    1. Dans l'Himalaya nous étions passés à 5416m maais on avait beaucoup plus souffert du froid que de l'altitude. On était plutot bien aclimaté après quelques jours à 3500, 4200 et 4800m. Cette fois-ci on est passé de 2400 à 6000 en quelques heures. Malgré les qelques excursions à la journée sur l'altiplano nous étions un peu moins bien acclimatés.
      Bises à vous 3

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  2. Toujours aussi extroardinaire le Chili
    On attend avec impatience vos prochaines aventures

    Gros bisous à tous les deux
    Maman

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  3. Aline et Tristan7 mars 2014 à 18:51

    Joyeux anniversaire Boris
    Ca y est, arriver à faire la planche à 30 ans, tu deviens plus zen... :-D

    des bises

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    1. C'est peut-etre plus un problème de densité que de zénitude.
      Bises à tous les 2.

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  4. Absolument fascinant ! Bravo, c'est un grand plaisir que de vous suivre...
    Et bon anniversaire à Boris (même avec du retard) ! 30 ans face à de tels horizons, quelle promesse !
    Clotilde

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    1. Merci et tu n'es pas du tout en retard. Contents de savoir que nos récits te plaisent.
      Bises

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  5. Hello les Aventuriers,

    Toujours autant de plaisir à lire vos aventures...toujours plus haut, toujours plus loin...mais où allez vous vous arrêter :-)
    J'en profite aussi pour souhaiter un bon anniversaire à Boris (30 ans ça s'arrose !!!), aujourd'hui nous allons manger chez Hélène et Laurent, c'est l'anniversaire à Laurent (29 ans) et Léon aura (déjà) 3 mois demain !!!.
    Il me tarde de vous revoir....
    Bisous,
    Papa

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    1. On s'arrete dans deux mois malheureusement et on revient dans la Meuse au point de départ mais on sera très contents de retrouver tous le monde.
      Merci , on a arrosé ça avec du vin bolivien, réputé le plus haut du monde.
      Gros bisous

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