28 mars 2014

Lac Titicaca, coeur de la civilisation inca

De retour à La Paz, nous prenons un bus pour un lac dont le nom était sujet aux blagues et aux rires quand on était petits et qui est resté ancré dans nos mémoires. Mais c'est aussi un lac mythique, car la mythologie inca y situe l'origine de sa civilisation. Nous allons au lac Titicaca.

Nous arrivons, en fin de matinée, dans la ville de Copacabana, lieu de pèlerinage de l'Empire inca avant l'arrivée des Espagnols. Ne pas confondre avec la célèbre plage de Rio de Janeiro, ça n'a vraiment rien à voir, surtout les tenues vestimentaires. Nous passons quelques jours ici. Cette petite ville est sympa mais bien trop touristique et les commerçants ne sont pas du tout agréables. Cela tranche avec le reste de la Bolivie où les boliviens étaient en général accueillants et souriants.

On se balade en ville et nous montons par un chemin de croix jusqu'en haut d'une colline pour avoir une vue sur le lac.
La très belle cathédrale, seul monument intéressant de la ville.


La plage, si on peut appeler ça comme ça, personne ne se baigne, l'eau est à 9°C et sa couleur noirâtre est très douteuse.

Le lac Titicaca. De l'autre côté c'est le Pérou.


A l'école, pour la fête des pères, un tournois de foot (des papas) est organisé et on distingue bien ceux qui jouent souvent de ceux qui préfèrent le foot à la télé. Les mamans chulitas sont en folie sur le bord du terrain, elles les encouragent et servent à boire à la mi-temps.

Le lac Titicaca est le lac navigable le plus haut du monde, nous sommes ici à 3812m d'altitude et il a beau faire soleil, il ne fait pas chaud. Ce lac s'étale sur 8400km² et se partage entre la Bolivie et le Pérou. Il mesure au maximum 200km de long. Bref, pour un peu on se croirait au bort de la mer.
Petit aparté géologique : le lac Titicaca, situé au centre de l'Altiplano, est le vestige d'une immense lagune portée en altitude lors de l'émergence des Andes, tout comme le salar d'Uyuni. Mais lui ne s'est pas évaporé car plus profond et certainement plus alimenté en eau. 25 torrents et rivières s'y jettent, 93% de ces apports en eau s'évaporent, et une seul rivière en sort.

Le 20 mars nous prenons un bateau pour le nord de la Isla del Sol (l'île du soleil).

Lorsqu'on y arrive, on la renomme volontiers la Isla de la lluvia (l'île de la pluie).



Cette île, sculptée par les cultures en terrasses, est posée au milieu du lac Titicaca. Selon la légende c'est ici que Viracocha, le dieu créateur, fit émerger la lune, le soleil et les étoiles, et Manco Capac, descendant du dieu soleil, sorti des eaux du lac avec sa soeur Mama Oello, dirigea sa tribu vers le nord et fonda Cuzco, future capitale de l'Empire inca.

Le soleil revient et nous empruntons le chemin qui mène aux ruines de Chinkana. C'est un lieu sacré où sont encore debout une table de sacrifice et un labyrinthe en pierres sèches.



On y trouve aussi un rocher sacré qui a donné son nom au lac, le rocher du puma. Titi signifie puma en langue Aymara (ethnie majoritaire en Bolivie) et caca signifie rocher en langue Quechua (deuxième ethnie du pays, majoritaire au Pérou).
Il faut donc voir une tête de puma, en plissant bien les yeux et après un apéro c'est plus facile. Petite aide : il regarde vers la gauche.

Cette partie de l'île est payante mais lorsqu'on veut emprunter le chemin des crêtes qui mène au sud de l'île, on nous demande à nouveau de l'argent. Il en sera de même à l'entrée de Yimani le village d'où l'on doit reprendre le bateau. C'est pas des grosses sommes à chaque fois, mais c'est assez pénible de devoir payer juste pour marcher ou pour entrer dans un village, à croire que les touristes sont juste des portefeuilles ambulants.

Nous parcourons pendant 3 heures le chemin des crêtes que les incas appelaient "Route sacrée de l'éternité du soleil", rien que ça ! Ce chemin procure de belles vues sur les terrasses, sur les baies et sur le lac.





Au village de Yimani, nous redescendons vers le lac par un long escalier puis on reprend le bateau qui nous ramène à Copacabana.



Le lendemain, direction Puno, c'est aussi une ville au bord du lac Titicaca mais au Pérou. Aucun problème à la frontière.

En chemin nous traversons quelques petits villages et des zones cultivées en terrasses ou entourées de petits murs en pierres. A notre arrivée à Puno, un homme monte dans le bus pour proposer des logements. D'habitude on ne prête pas vraiment attention à ces gens mais là ce qu'il propose est plutôt dans nos prix. Il propose aussi des tours pour des îles sur le lac, ce que nous avons prévu de faire. A la gare routière nous le suivons dans son agence. Pour une fois on se laisse porter. Après le déjeuner dans une petite gargote populaire, nous passons un peu de temps en ville. Il y a une ambiance plutôt sympa, les gens sont souriants, mais il n'y a pas grand chose à voir.

De superbes pédalos sur une eau claire et limpide.

Samedi 22 mars nous partons pour deux jours visiter des îles du lac. D'abord les îles flottantes, las islas de Uros. Il y en a 80 dans la baie de Puno et certaines accueillent les touristes. Ça fait très artificiel mais ça permet de découvrir cette tradition.

Les gens qui vivent là sont Aymaras, ils nous accueillent en costumes traditionnels. Notre guide nous donne quelques explications générales sur le lac puis sur les îles et en particulier sur leur construction. Une île flottante a une durée de vie d'environ 25 à 30 ans. Elles sont fabriquées à partir des joncs qui poussent sur le lac. Des blocs de racines de joncs sont découpés et décollés du fond de l'eau. Ces morceaux mesurent environ 1m par 5m sur 50cm de haut et flottent. Ils sont transportés sur le lieu où doit être construite l'île. Puis ils sont maintenus ensemble par des cordages. Par dessus sont déposés les joncs en couches successives sur 2m d'épaisseur. Tout cela flotte bien et est solidement amarré au fond du lac avec des cordes et des pieux en bois. Sur l'île sont ensuite construites les maisons de chaque famille.


Le foyer en hauteur pour éviter de mettre le feu au village.

Une maison simple et légère, ici pas de parpaing.

Le bassin à truites.

Après ces explications on a droit à la visite d'une maison et Édith se fait habiller en costume traditionnel.
Photo collector.

Puis, forcément, vient l'exposition de leur artisanat et les demandes appuyées pour qu'on achète (retour du "touriste portefeuille"), et là on se sent vraiment obligé d'acheter quelque chose... On résiste quand même à la micro balade en bateau en jonc à tête de dragon, faussement traditionnel, pour ce rendre sur une île voisine. Les gens habitant ces îles vivent normalement de la pêche mais avec le tourisme, le nombre d'îles à beaucoup augmenté et environ la moitié des gens vivent maintenant essentiellement de ce cinéma touristique. 

Nous partons pour l'île Amantani où nous passons la nuit dans une famille d'accueil.


A notre arrivée, nous suivons Eugeña qui nous mène chez elle et son mari Job, à travers un chemin qui serpente au milieu des champs et des maisons.


A notre arrivée nous faisons la connaissance d'Alex leur fils de 5 ans.

Elle nous montre notre chambre avec vue sur le lac. Avant le repas nous leur offrons des présents que l'on a acheté à Puno : des épices pour Eugeña, des crayons de couleurs, des images et un stylo pour Alex. Pendant le repas on discute un peu avec Job, il est agriculteur, comme beaucoup de gens sur l'île. De suite après le repas Eugeña nous montre son travail, elle fait de l'artisanat (bonnets et gants en laine), et là aussi on se sent un peu coincé, difficile de dire que l'on a besoin de rien, qu'on est pas là pour acheter, surtout quand elle nous demande "ça vous plait pas ?". C'est un peu leur gagne pain et présenté comme ça on est coincé, difficile de dire non, c'est le re-retour du "touriste portefeuille".

Dans l'après-midi nous rejoignons le groupe sur la place principale pour une petite balade jusqu'au temple de Pachatata (ciel père).




Comme nous avons un peu de temps et pour ne pas faire de jaloux entre les dieux nous montons aussi jusqu'au temple de Pachamama (terre mère).


De retour à la maison nous mangeons. On fait la connaissance du père d'Eugeña, qui vit à côté et vient manger chez elle, il a 86 ans, c'est très vieux pour un péruvien.
Cuisine au feu de bois, il y a aussi du gaz, mais le bois est gratuit.


A 20h nous sommes conviés à une petite fête. Pour l'occasion Eugeña nous fait revêtir le costume traditionnel de fête : poncho et bonnet pour Boris, jupe, chemisier et châle pour Édith. Nous voilà vêtu en Quechua (à fond la forme !).

A la salle communale on retrouve tous les touristes et les hôtes en costume. Un orchestre est là et nous passons une petite heure à danser à deux où en faisant la ronde.

On sent que tout ça est un peu surfait. C'est bien car on voit leurs traditions mais on sent bien qu'ils ne les pratiquent plus vraiment.

Le lendemain, après le petit déjeuner, nous partons pour l'île de Taquile. Nous marchons une petite heure sur un chemin bordé de fleurs à travers les terrasses. On croise parfois de jolis colibris.




Puis nous déjeunons sur une terrasse avec vue sur le lac. Le guide nous fait des explications sur les codes vestimentaires des habitants de l'île : le couvre-chef des hommes et les pompoms des châles des femmes indiquent s'ils sont seuls, en couple, mariés ou séparés.
Un des gérants du restaurant nous fait la démonstration de la fabrication d'un shampooing à partir d'une plante qui évite soit disant la calvitie et le blanchiment des cheveux. Preuve en est que les péruviens n'ont pas de cheveux blancs ni de problème de calvitie ! Nous, on est plutôt convaincu que c'est une histoire de génétique. Le produit obtenu est aussi un détergent très puissant qui lave plus blanc que blanc (mais pas les cheveux...) et il nous démontre ça en lavant de la laine sale qui devient bien blanche. Époustouflant ! on se croirait sur un marché avec les types qui font des démonstrations de produits.

Après le repas nous marchons un peu pour retrouver le bateau de l'autre côté de l'île.



De retour à Puno nous allons à la gare routière pour prendre nos tickets pour Cusco. Nous aurions préféré voyager de jour mais des mineurs grévistes bloquent la route, du coup les bus roulent seulement de nuit et font un détour pour éviter le blocus.

4 commentaires:

  1. Edith, tu aurais du prendre ta natte, et la mettre en extension ; tu serais presque passée inapercue. Surtout habillée comme cela!!
    Grosses bises
    Céline

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    1. C'est vrai, la mode bolivienne et et péruvienne et aux cheveux longs. Il aurait quand meme fallu prendre quelques kilos et bronser un peu pour vraiment passer inaperçu.
      Bises

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  2. Ce lac mythique n'a pas l'air d'avoir soulevé votre enthousiasme, sans doute par la trop grande exploitation touristique qui semble avoir fait perdre beaucoup d'authenticité aux habitants des îles... L'agriculture, la pêche, les coutumes de familiales restent tout de même très traditionnelles d'après vos photos.
    Gros bisous

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    1. Bonne analyse, on sent la psy qui lit entre les lignes, et la maman qui connait bien son fils et sa belle fille, à chacun de tes commentaires.
      Leur mode de vie est en effet encore bien traditionnel comparé à d'autres endroits, c'est certainement l'effet insulaire. Ce qui nous a le plus déplu, c'est l'accueil faussement chaleureux uniquement pour nous vendre des trucs.
      Bisous

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