26 janvier 2014

Parc naturel de Torres del Paine, un W comme Waouh

Lundi 6 janvier, nous partons d'Ushuaia. Après 4 passages de postes frontières (Argentine - Chili - Chili - Argentine), la traversé du détroit de Magellan en ferry et une douzaine d'heures de bus dans la pampa, nous arrivons à Rio Gallegos sur la côte Est de la Patagonie argentine.







Edith s'envole presque avec ce vent !

A la gare routière nous achetons nos billets de bus pour le lendemain, direction Rio Turbio qui se trouve juste avant la frontière chilienne. De l'autre côté il y a Puerto Natales à environ 1h de route. Nous trouvons rapidement une guesthouse, très kitsch mais très sympa, c'est simplement chez les gens, ils ont transformés des pièces en chambres et en dortoirs.
Le lendemain, après 4h de bus nous voilà à Rio Turbio, on nous dit que le bus pour Puerto Natales est dans 3h. Ça ira plus vite en stop, on nous indique une station service où de nombreux chiliens viennent faire le plein avant de repartir au Chili. Nous trouvons quelqu'un qui veut bien nous amener jusqu'au poste frontière chilien mais pas plus loin, il nous dit que ce n'est pas vraiment autoriser de faire passer des touristes. Nous cumulons les tampons d'entrée et de sortie d'Argentine et du Chili, on doit en avoir près d'une dizaine.

Une fois du côté chilien nous faisons du stop sur le bord de la route et c'est finalement un gaucho avec sa très vieille voiture déglinguée partant tout juste de sa ferme qui nous embarque. Il est très sympa, on discute un peu, il nous dépose même où l'on veut en ville.

Nous arrivons enfin à Puerto Natales, petite ville donnant sur deux fiords et base de départ pour le parc naturel de Torres del Paine. Dans cette ville se trouve un petit camping en plein centre, aménagé dans un jardin, c'est très pratique. Pour finir la journée, nous faisons un petit tour de la ville qui a l'air très sympathique, avec une touche d'art urbain.

Il y en a qui ne veulent pas se mouiller !



Une poubelle publique, il y en plein de différentes.

Le milodon, une sorte de gros paresseux préhistorique, dont un squelette a été retrouvé dans une grotte non loin de là, et qui est devenu l'emblème de la ville.

Nous avons toujours notre problème de carte bancaire. On contacte notre banque qui nous dit que de leur côté il n'y a pas de problème. Nous pensons alors que c'est un problème physique de la carte et la banquière nous propose d'en faire fabriquer une autre et de nous l'envoyer mais nous ne savons pas trop combien de temps cela peut prendre.
En attendant on se prépare pour aller randonner 5 ou 6 jours dans le parc de Torres del Paine, "La Mecque" des randonneurs sur le continent américain. Nous voulons faire la rando dites du "W", les branches du W correspondant à 3 vallées.

Trek du "W"

Jour 1 : bus, bateau, rando. 10km.
Le 9 janvier nous prenons le bus de 7h30 pour le parc de Torres del Paine. En route nous croisons des gauchos au travail, des guanacos, des nandous et des condors.




Le massif qui emerge de la pampa est impressionnant, comme une citadelle imprennable.

Vers 11h, nous arrivons à l'entrée du parc, nous sommes loin d'être seul, il y a au moins 4 gros bus plein de touristes. Tout est très bien organisé, les consignes sont données dans le bus : 1) payer le billet d'entrée du parc, 2) récupérer la carte du parc, 3) regarder la vidéo qui donne les règles du parc. Tout ça en trois langues : espagnol, anglais et ... israélien (ils sont très nombreux à venir randonner). La règle principale du parc est l'interdiction de faire du feu et l'utilisation des réchauds est restreinte à des zones bien définies dans les refuges et les campings. Déroger à cette règle est sévèrement punis (amende et prison ferme) depuis quelques années suite à des feux accidentellement déclenchés par des touristes et qui ont dévastés plusieurs dizaines de milliers d'hectares du parc. Nos tickets et carte en poche nous remontons dans le bus jusqu'au stop suivant au bord du lac Pehoé. De là nous prenons un bateau qui nous amène de l'autre côté au refuge "Paine Grande", le point de départ que nous avons choisi pour la randonnée.

Après le pique-nique c'est parti, nous commençons par remonter la vallée du "lago Grey". Il y a beaucoup de vent et il pleut un peu. On peut voir les arbres morts suite à l'incendie de 2008.


Au bout d'une heure nous apercevons nos premiers icebergs.

Et après 1h30 de marche nous voyons le glacier Grey : un énorme glacier de 5km de large qui vient mourrir en trois branches dans le lac, c'est une première pour nous.

Sur le chemin, nous observons un pic de Magellan femelle, le plus gros pic du monde, 50 cm de haut. On s'en approche à quelques mètres, on n'a pas l'air de la déranger, elle tambourine comme une dingue sur une branche, ça doit secouer dans la caboche.

Nous arrivons en fin d'après-midi au camp du refuge Grey. Nous plantons la tente au milieu des arbres, pas facile de trouver un coin plat. Une petite douche, un repas chaud et au lit.

Jour 2 : glacier Grey, liaison camp "italiano". 18,5km.
Ce matin, depuis le camp, nous marchons une quinzaine de minutes pour rejoindre un point de vue sur le glacier. Nous y restons un long moment, fascinés par la masse et la puissance dégagée, on espère qu'un gros morceau se détache, mais il tombe seulement des petits.





Nous faisons demi-tour, décampons et revenons au point de départ de la veille. 


Les roches gardent les cicatrices du passage du glacier.


La journée n'est pas finie, nous devons rejoindre le camp "italiano" qui se trouve au départ de la vallée "del Francès". Le décor est superbe. On aperçoit bientôt "los Cuernos", ces hautes falaises de granite blanc en forme de dents, chapeautées de roches sédimentaires noires.


Décor fantomatique.

Le camp "italiano" est quasiment plein, il y a des tentes partout entre les arbres, nous finissons par trouver un coin pas trop entassé sur les autres.

Jour 3 : vallée "del Francès", liaison camp de "los Cuernos". 17km.
Le temps est gris au réveil et la vallée parait bouchée. Nous partons légers, juste des petits sacs avec le pique-nique. On remonte la vallée par la crête d'une vielle moraine glaciaire aujourd'hui recouverte de forêt.
Autour de nous des montagnes aux pics acérées, des glaciers suspendus et "los Cuernos", tout est très impressionnant. De temps en temps de la glace et de la neige se détachent des glaciers et le bruit produit résonne dans toute la vallée.


Une violette comme sa couleur l'indique !




Nous avons de la chance, le temps se dégage et à notre arrivée au point de vue il fait un grand soleil. Les falaises de granite se détachent parfaitement sur le ciel bleu.



La cascade n'arrive même pas en bas...

Une coulée rocheuse a tué tous les arbres ici.

Nous redescendons jusqu'au camp et repartons avec nos gros sacs sur le dos. En un peu plus d'une heure de marche, on atteint le refuge et le camp en forêt de "los Cuernos" au bord du lac Nordernskjöld.



Vue du camp.

Boris aux fourneaux dans l'abri cuisine des campeurs, au menu du jour : soupe de maïs et purée, de quoi rassasier deux randonneurs. N'oublions pas le carré de chocolat fourré à la mente en dessert, primordial pour le moral.

Jour 4 : "las Torres". 22km.
Pendant le petit déjeuner il tombe une grosse averse, on se prépare à passer une journée sous la pluie. Lorsque nous partons il pleut et il fait soleil, c'est ça la Patagonie. Un bel arc-en-ciel se forme derrière nous.

Finalement, on échappe à la zone de pluie, il y a beaucoup de vent, et la journée est très ensoleillée. Le vent dans le dos nous pousse dans les côtes, c'est très appréciable, mais il nous déséquilibre aussi, faut se méfier de lui. Nous longeons le massif jusqu'à la vallée des Torres.



Une calcéolaires.

Une orchidée.

On s'engage dans une magnifique vallée, plus encaissée que les précédentes. Les Torres, clous du spectacle, se dévoilent un peu.


Après 6h de marche et 20 km nous arrivons au camp des Torres. C'est un très joli camp au milieu de la forêt avec un petit torrent et un renard qui fait le tour des emplacements à la recherche de quelques restes laissés par les campeurs.

Nous posons la tente. Le temps est magnifique et nous ne résistons pas à la tentation d'aller voir les Torres de plus prés. Normalement nous avions prévu de les faire au lever du jour le lendemain matin, c'est le programme classique, mais on se sent bien pour y aller de suite. Sans les sacs nous avalons les 300m de dénivelé pour rejoindre le point de vue sur les Torres en 30 minutes.
Edith dégage le sentier des petits cailloux qui gènent !

La vue depuis le lac est vraiment magnifique. Nous restons là à les admirer pendant plus d'une heure.

La tour centrale culmine à 2800m d'altitude et fait environ 900m de hauteur, soit 3 fois la Tour Eiffel. Entre le lac et son sommet, 1800m, environs le Mont Ventoux vu d'Avignon.



Depuis le lac nous sommes encore à 3km du pied des tours et pourtant elles paraissent tout proche, l'effet d'optique est important.
Vue de loin (le lendemain), on se rend mieux compte des proportions.

De retour au camp, il est temps de faire une petite lessive, les chaussettes commencent à sentir un peu... Et pour ne pas polluer le ruisseau, une seule solution : la popotte fait office de bassine. Ça donnera un peu de saveur aux pâtes !

Avant de nous coucher, on règle le réveil pour 4h du matin car nous comptons bien revoir les Torres au lever du jour.

Jour 5 : retour. 8km.
Il pleut fort toute la nuit et à 4h du matin nous restons dans nos duvets, pas envie de marcher sous la pluie dans la nuit au risque de ne rien voir une fois là-haut. Nous avons bien fait de monter voir les Torres la veille. S'il y a bien une chose que l'on a appris pendant ce voyage, c'est qu'il ne faut pas reporter à plus tard ce que l'on peut faire de suite.

Vers 8h, il pleut toujours, nous déjeunons sous la tente puis faisons nos sacs, c'est un vrai casse-tête à l'intérieur de notre mini maison. On plie la tente détrempée et boueuse puis on part sous la pluie.

Heureusement, au fur et à mesure que l'on descend la pluie diminue et finie par s'arrêter. Tout en bas, à l'hôtel de "las Torres", nous faisons sécher nos affaires en attendant la navette qui nous ramènera à l'entrée du parc.

De retour à Puerto Natales, nous cherchons un logement, nous voulons un bon lit ! Pas facile, tout est plein. Nos finissons par trouver une chambre dans une auberge. C'est en fait une maison, on vit avec les propriétaires, dans leur cuisine et leur salon, c'est assez drôle. En plus la déco est très particulière, pleine de bibelots et des meubles de toutes les époques du siècle dernier, un vrai musée.

Nous avons toujours notre soucis de carte : notre banquière en fait fabriquer une autre mais dans le même temps, nous recevons en France une lettre disant qu'une de nos opérations de retrait a été refusée et que notre carte est bloquée. Un mail à notre banquière s'impose.
Le lendemain, nous allons en ville pour téléphoner à la banque, mais voilà le sort s'acharne, Puerto Natales est coupée du monde à cause d'une antenne qui est tombée : pas de téléphone, pas d'Internet. En début d'après-midi, nous trouvons un cyber-café qui fonctionne. Nous avons une réponse : notre carte devrait fonctionner à nouveau demain dans l'après-midi.

Ce problème résolu, on peut chercher des tickets de bus pour El Calafate en Argentine. Mais voilà, nous sommes lundi et la première agence nous annonce qu'il n'y a pas de place avant vendredi, la seconde nous dit pas avant la semaine prochaine, la troisième nous fait une fausse joie avant de nous dire que finalement il n'y a pas de place. Arrrrh ! Restons calmes ! Nous tentons une dernière agence qui nous trouve des places pour mercredi mais c'est un peu plus cher, tant pis, nous avons nos billets pour partir de Puerto Natales.

Conclusion, ce parc national et cette randonnée sont simplement sublimes. Chaque jour est très beau et différent du précédent. Incontestablement une des plus belles randonnées que nous ayons faite.
Seconde conclusion, on ne se fera plus avoir, on va dorénavant acheter nos billets de bus en avance pour l'étape suivante dès notre arrivée quelque part. Ça laisse moins de liberté, mais on n'a pas trop le choix si on veut avancer.

10 commentaires:

  1. Nadine et Michel26 janvier 2014 à 19:22

    Nous sommes très contents de découvrir ce nouveau reportage...
    Devant tant d'immensité comment vous êtes vous sentis? N'aviez vous pas l'impression de vivre dans un rêve? Glacier géant, vallées surdimensionnées, puis les "torres" gigantesques... les géologues que vous êtes ont dû apprécier le spectacle de cette Nature sublime.... Et même le pic Magellan est bien gros, les fleurs ont l'air aussi plus grosses que les équivalents chez nous (violette, orchidée)... et avec de belles couleurs. Bref, "c'est trop!..." comme diraient les jeunes!
    A vous voir emmitouflés, il n'a pas l'air de faire bien chaud malgré l'été sur cette terre extrême.
    On vous fait de gros bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On s'est senti petits, un peu comme d'habitude...
      C'est vrai que c'était une superbe rando que l'on a beaucoup apprécié, de quoi combler les naturalistes de tous poils, en plus la météo a été relativement clémente.
      On est emmitouflé surtout à cause du fort vent froid qui descend des glaciers. Sans vent la température est plutot agréable.
      Gros bisous

      Supprimer
  2. Trop contente de vous lire a nouveau :) les photos sont magnifiques, vous nous faite rêvé!!! Je vous jalouse tellement :). profitez bien de tout ca un maximum et edith continue le chocolat à la menthe je vois que ca te rend aussi forte que obelix!!!bisous de ns 3

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nos articles sont un peu espacés car il n'y a pas toujours de connexion internet et on est souvent en camping. Vous pourrez bientot revoyager, peut-etre pas dans des endroits aussi paumés, il y a aussi de belles choses pas très loin de la France. On en profite c'est sur et pour le chocolat à la menthe si c'était que moi j'en mangerais plus mais je ne veux pas non plus lui ressembler, à Obélix.
      Gros bisous à tous les 3

      Supprimer
  3. Merci à vous deux pour ces magnifiques photos qui nous font rêver!!! vraiment le dépaysement total!!
    bonne continuation. le famille casanoves

    RépondreSupprimer
  4. Effectivement, magnifique parc et superbes photos de fleurs! Toujours un peu plus, ça donne envie d'aller dans le sud argentin!!! Continuez à en prendre plein les yeux! Une bise...de France parce que pour nous c'est fini!!! Benoit et Noëmie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La Patagonie est une très belle région et mérite un bon mois de voyage pour faire les principaux sites. Le retour en France n'est pas trop difficile? Pour nous, plus que 3 mois, ça passe vraiment très vite un an.
      Bises à tous les 2.

      Supprimer
  5. Salut à tous les deux!

    Une des plus belles partie (avis perso) de votre voyage que je suis de loin (connexions internet très lentes, souvent impossible de voir vos photos...). En tout cas cela fait plaisir de voir vos visages! Continuez à nous faire rêver avec vos paysages, observations dingues ainsi que vos rencontres.

    Merci et "à bientôt"

    Julien Rougé

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Julien,
      On ne sait pas pourquoi mais ton commentaire était dans les spams.
      C'est effectivement une belle partie du voyage, la Patagonie est un vrai bonheur pour les amoureux de nature.
      A plus

      Supprimer

Laisser un commentaire