Changement de continent, nouvelle flore, nouvelle faune, climat et paysages différents, nouvelle langue et nouvelle culture, tout est à découvrir.
La terre de Feu est une vaste île, séparé du continent américain par le détroit de Magellan, c'est la terre habitée la plus australe du globe. Elle doit son nom aux multiples feux de camp des indigènes que les navigateurs européens voyaient en longeant les côtes, et non pas à la chaleur torride qu'il y reigne !
Nous passons notre première journée à nous balader dans Ushuaia, luttant contre la fatigue, il faut qu'on se recale au plus vite, on doit résister jusqu'au soir.
Un vieux bateau échoué.
On s'arrête dans une agence qui propose des sorties en bateau dans la baie d'Ushuaia. De plus cette agence a l'autorisation d'amener les touristes sur l'île "H" (elle porte ce nom à cause de sa forme, il ne vont pas chercher bien loin). Nous réservons pour le lendemain après-midi.
La nuit est encore un peu difficile, en plus ici le soleil se couche à 23h et se lève à 5h et il n'y a pas de volets aux fenêtres. On se force à se lever et traînons un peu dans la ville puis nous embarquons sur le voilier If... Il y n'a finalement que 4 touristes, nous 2 et un couple de japonais qui nous envies de voyager autant, eux n'ont qu'une semaine de vacances par an.
On nous équipe de cirés (trop grands).
Le guide nous fait un petit topo sur la géographie du coin et un peu d'histoire : la présence de glaciers sur une épaisseur maximale de 1200m, puis leur fonte et l'arrivée des Hommes par le nord, il y a environ 8000ans.
Le temps est pluvieux, nous n'avons pas de chance avec les bateaux (souvenir du fiord de Nouvelle-Zélande). Il n'y a pas de vent, du coup la sortie ne se fait pas à la voile. Nous observons des cormorans et des lions de mer sur un rocher, cette espèce est bien plus grosse que ceux de Nouvelle-Zélande.
Attention aux torticolis !
Puis le bateau accoste sur l'île "H" pour une petite balade. Le guide, très cool et intéressant, nous donne les noms des plantes, nous montre celles que l'on peut manger comme cette fleur rouge de laquelle on peut extraire une goûte de nectar sucré.
Les côtes sont rocheuses, la végétation présente ici se retrouve en altitude dans le reste de la Patagonie.
Il y a ici de nombreux oiseaux d'eau.
Une colonie de cormorans avec leurs petits sur un rocher. Si on est un cormoran, mieux vaut habiter sur le haut du rocher, sinon on reçoit les fientes des autres sur la tête !
Ce tas de coquilles est un vestige des repas du peuple Yahgan qui vivait ici avant l'arrivée des espagnols.
Nous remontons à bord du bateau et retournons sur Ushuaia, en route nous contournons une île où se trouve une grosse colonie de cormorans et de sternes.
La ville aux pieds des montagnes.
Le lendemain, 31 décembre, il fait beau, nous décidons de partir randonner. Depuis Ushuaia on monte jusqu'au glacier Martial qui s'avère ne plus être un glacier, seulement un cirque glaciaire, mais la vue depuis là haut est très belle, on voit Ushuaia, sa baie et le canal de Beagle (nom du bateau du capitaine Fitz Roy qui "découvrit" le canal).
Le chemin de descente passe à travers une forêt de hêtres torturés par le vent et les conditions climatiques difficiles de cette région. La limite de la forêt se situe vers 500 ou 600 mètres d'altitude ici.
Le soir on se met à la recherche d'un restaurant pour passer le réveillon mais pas moyen de trouver quelque chose qui ne soit pas fermé, hors de prix ou plein. Heureusement on trouve un restaurant japonais qui fait des sushis à emporter. Un peu plus et on faisait le repas du nouvel an aux pâtes et sardines. A minuit nous trinquons à cette nouvelle année qui commence pour nous ici au "bout du monde" et à 0h30 nous sommes couchés, les effets du décalage horaire se ressentent encore un peu.
Pour le premier jour de l'année 2014, on se rend en bus dans le parc naturel de Terre de Feu, à quelques kilomètres d'Ushuaia. Nous faisons une première randonnée qui suit la côte le long de la baie Lapataia jusqu'au camping du "lago Roca". Le temps varie entre grosses averses, vent et soleil. Les éléments sont maîtres ici, on a bien fait de s'équiper de sur-pantalons étanches à Ushuaia. Les paysages sont très beaux, les plantes sont en fleurs et nous observons beaucoup d'oiseaux et encore une famille d'oies pas très farouches.
Avant d'arriver au camping on s'arrête au bâtiment d'accueil des visiteurs où il y a de très intéressantes expositions sur la morphologie du paysage, la faune, la flore et les différents peuples qui vivaient en Terre de Feu avant l'arrivée des européens. Les Yaghans vivaient ici quasiment nus depuis des milliers d'années, bien adaptés à ce milieu très dur, c'est assez incroyable. Ils s'enduisaient de graisse de baleine, étaient nomades, ils changeaient de camp tous les 3 ou 4 jours et habitaient des cabanes très rustiques.
Ils vivaient de pêche, de fruits de mer et de champignons qui parasitent les hêtres : "le pain des indiens". A l'arrivée des colons, ils furent assez mal intégrés et beaucoup moururent de maladies contre lesquelles ils n'étaient pas immunisés.
Nous posons notre tente au camping au bord du lac. Il y a de nombreux rapaces (2 espèces de Caracaras) qui viennent ici se nourrir autour des barbecues, mieux vaut ne rien laisser trainer.
Pour le repas du soir : oeufs brouillés et pâtes fourrées au poulet et au potiron, miam.
Le lendemain, il pleut, pour changer... Nous pensions faire une randonnée qui mène à un point de vue mais le plafond nuageux est très bas alors nous décidons de nous promener dans la lagune Lapataia, entre lac, tourbières, mer et montagne, c'est très beau même si le soleil se cache.
Plante carnivore Drosera uniflora
Une belle tourbière.
Les effets de l'introduction des castors sont très importants et néfastes pour les écosystèmes aquatiques et rivulaires. Faut dire qu'ils font de sacrés barrages !
Sur la route du retour, nous croisons des renards (Zoro en espagnol), ils attendent qu'une voiture passe, se mettent au milieu de la route pour qu'elle s'arrête puis ils "mendient" pour que les gens les nourrissent, ils sont malins. De nombreux panneaux dans le parc indiquent qu'il est strictement interdit de nourrir les animaux sauvages.
Le soir nous faisons un petit feu, non sans mal car tout est humide, pour nous réchauffer un peu et faire sécher les chaussettes. Au dîner, oeufs brouillés et pâtes fourrées au poulet et au potiron. Tiens, ça nous rappelle quelque chose.
Le lendemain, le ciel est dégagés, on voit le sommet des montagnes alentours. Pour comparer, voici deux photos prises au bord du lago Roca, hier et aujourd'hui.
Nous partons pour la randonnée qui monte au point de vue. Il y en a en fait deux. Nous pensons aller seulement au premier car atteindre le second nécessite de marcher dans la neige et nous ne savons pas si le chemin est bien balisé.
Nous atteignons le premier point de vue qui donne sur le "lago Roca" et la lagune Lapataia où on s'est baladé la veille. On voit très bien les montagnes arrondies sur lesquelles les glaciers sont passés et les sommets plus pointus qui émergeaient des glaces au-dessus de 1200m d'altitude.
Il fait beau et il n'y a finalement pas tant de neige que ça, on décide d'aller plus haut et on a bien fait. Nous traversons une tourbière, difficile d'éviter l'eau et la boue.
Puis nous montons jusqu'au "Cerro Guanaco" à 973 m d'altitude. La vue est vraiment spectaculaire. De part et d'autre de la montagne où on se trouve, il y a deux immenses vallées, on voit Ushuaia et le canal de Beagle et partout autour des montagnes.
Il est 16h30, nous avons mis 4h pour arriver au sommet et nous avons moins de 2h pour descendre, plier notre tente, faire les sacs et avoir le dernier bus pour revenir sur Ushuaia. La première partie dans la neige et les pierriers est plutôt facile, nous passons ensuite la tourbière, c'est un peu plus laborieux. Puis il faut descendre dans la forêt en évitant de glisser sur les racines. Nous arrivons au camping en 1h30, on a bien cavalé, ou plutot dévalé, nous rangeons nos affaires en 15min et sommes même en avance pour prendre le bus.
Arrivés à Ushuaia vers 20h, nous cherchons d'abord une agence de bus pour acheter nos billets pour Puerto Natales, notre prochaine destination. Il est un peu tard, les agences ferment mais il semble que les bus sont pleins pour les deux prochains jours. On verra demain. On se met à la recherche d'une guesthouse, tout est plein, vers 21h, on fini par prendre un taxi pour le camping de la ville, heureusement eux ils ont encore un peu de place.
Le lendemain, samedi 4 janvier, la galère commence. Nous faisons le tour des agences de transport. La première est fermée le samedi, la seconde n'a pas de place avant une semaine, à la troisième la personne qui s'occupe des billets pour le Chili ne revient qu'à 17h, il resterait des places pour mercredi. Entre temps on essaye de retirer de l'argent mais impossible. On pense d'abord que ce sont les distributeurs qui ne fonctionnent pas correctement car d'autres personnes ont des soucis, Ushuaia coûte chère et les banques ne sont pas bien approvisionnées en billets.
Pour patienter nous mangeons puis nous faisons un tour au musée Yamana. Il explique très bien le mode de vie des Yahgans ici en Terre de Feu.
Nous revenons à l'agence à 16h45, très vite de nombreuses personnes arrivent également pour des billets de bus, heureusement que nous sommes à l'avance. Il y a effectivement de la place pour mercredi, ça ne nous arrange pas de rester encore 3 jours sur Ushuaia mais on n'a pas vraiment le choix. Au moment de payer, la carte refuse de fonctionner. Et merde ! C'est donc un problème de carte. Nous devons retourner à pied au camping pour aller chercher notre autre carte de secours. Le camping se trouve à 2,5km du centre... En chemin, on réfléchi : notre carte ne fonctionne plus, d'où vient le problème? L'autre carte est soumise aux commissions bancaires, le billet de bus qu'on s'apprête à acheter est relativement cher et on part que dans 3 jours. Nous étudions une autre possibilité : passer par Rio Galleros sur la côte Est de l'Argentine puis faire la traverser vers l'Ouest jusqu'à Puerto Natales, on nous a dit que c'était possible. On se rend dans une autre agence qui fait ce trajet. Au moment du paiement on nous dit qu'il y a 6% de commission, on va donc retirer du liquide mais là encore et pourtant avec l'autre carte, on ne peut pas retirer. Nous finissons par payer par carte malgré les commissions, ouf ! nous avons nos billets pour Rio Galleros, lundi matin, pas facile de partir du bout du monde !
On se met maintenant à la recherche d'une guesthouse pour la nuit de dimanche à lundi car le bus est à 5h du matin et décamper à 3h potentiellement sous la pluie et marcher depuis le camping à 4h du matin ne nous fait pas rêver. On trouve finalement quelque chose il est plus de 20h, on rentre au camping, fatigués de cette journée pourrie, juste pour organiser un transport et le payer !
La Terre de Feu est très belle mais Ushuaia est trop chère, trop touristique et le logement et les transports sont sous dimensionnés.
La Terre de Feu est très belle mais Ushuaia est trop chère, trop touristique et le logement et les transports sont sous dimensionnés.
Hola! J'espère que la suite du périple sera moins compliquée! Ah les galères de transport... Un jour...plus tard, vous en rirez très certainement, comme nous!!!
RépondreSupprimerDe belles photos de cette partie de l'Argentine que nous ne sommes pas allés visiter!
Belle découverte du Chili et si vous passez par Valparaiso, saluez les lions de mer de notre part!!!
Qué disfruten!!!
Coucou vous deux, les galères de transport continues mais plutot sur le registre des pannes mais on prend ça du bon coté. On pensera à saluer les lions de mer de votre part, nous devrions etre à Valparaiso dans quelques jours.
SupprimerBises
A+
Oh eh, faut pas trop vous plaindre non plus avec votre décalage horaire... ;-)
RépondreSupprimerVous avez eu la chance de vivre une journée de 40 heures, et y a des tas de gens "overbookés" qui aimeraient que les journées durent 40 heures... (bon j'avoue j'en fais pas partie)
Bon courage à vous, à l'assaut des Andes maintenant !
Biz
C'est vrai qu'on se plaint, c'est dur les vacances... ;-)
SupprimerBises
J'ai envoyé le lien à quelques amis et, sur une photo, j'ai qualifié les lions de mer de phoques, j’espère qu'ils ne m'en voudront pas !
RépondreSupprimerToutes les photos sont belles et intéressantes : les arbres torturés, les renards mendiants, les fleurs etc.
Je vous souhaite un temps plus "estival" pour la suite du voyage
Otaries, lions de mer, phoques, sont tous des "grosses larves" échouées sur la plage ou les rochers et qui ont l'air d'avoir une vie très difficile. Il est facile de les confondre.
SupprimerLe temps s'améliore mais n'a pas grand chose d'estival dans toute la Patagonie.
A+
J'espère que votre fatigue des premiers jours, vos soucis de carte bancaire et de transport n'ont pas trop perturbé votre enthousiasme, votre capacité d'adaptation et votre désir de découverte de ce nouveau continent... les premières photos sont en tous cas très belles et j'imagine que vous aurez l'occasion de voir de "vrais" glaciers se jeter directement dans les fjords. Peut-être pour vous remettre de vos émotions, vous pouvez vous accorder quelques jours de "vacances"... je veux dire un peu plus cool!... car vous vivez votre voyage à un rythme intense depuis plus de 6 mois. Prenez soin de vous et continuez à vous régaler et à nous régaler aussi.
RépondreSupprimerGrosses bises
Cela n'a pas perturbé notre motivation, juste un peu nos plans mais l'avantage d'un voyage long c'est qu'on a le temps. Pour les vacances par contre on n'a pas le temps, on a que onze mois et c'est trop court :-). Après quelques jours la forme est bien revenue, pas de soucis, on n'a jamais été aussi bien, le voyage c'est la santé !
SupprimerGros bisous
Salut Boris et Edith :) !
RépondreSupprimerC'est Pablo, camarade d'ATIB de Boris! Je viens régulièrement faire un tour sur votre blog de voyage mais je n'avais pas encore pris le temps de laisser un commentaire. C'est toujours un plaisir de vous lire et de partager un peu avec vous ce tour du monde! Les paysages ont l'air vraiment magnifiques, et malgré les galères (inévitables dans un tel périple!) vous devez vraiment vous régaler! Je suis toujours content de voir que Boris continue de s'intéresser aux oiseaux et aux plantes :) (et autre)! Vous faîtes d'ailleurs de très belles photos. Bon... il y a juste les bryophytes qui ont l'air un peu oublié dans tout ça, mais je t'en veux pas ;-) ! Pourtant il y a l'air d'en avoir abondamment sur la Terre de feu! Je vous souhaite bonne route pour la suite et une bonne année à tous les deux! Profitez de la vie, et j'espère vous recroiser quand vous reviendrez dans le coin (d'autant que je suis en Lorraine maintenant)!
Ciao
Pablo
PS: Boris, as-tu croisé des Sauropodes lors de ce beau voyage? ;)
Ca fait plaisir de savoir que le blog te plait. C'est vrai que les bryophytes sont un peu zappées, c'est parce que nous n'avons pas emporté la loupe binoculaire et les 8 bouquins de détermination, on a pourtant longtemps hésité à les emmener.
SupprimerPas de Sauropodes en vue, ils doivent se cacher derière les mousses, ces grands timides.
A+
J'ai toujours beaucoup de plaisir à vous voir et à lire vos commentaires. C'est toujours très beau.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé Edith bien fatiguée après votre grand voyage, mais sur les dernières photos, je suis rassurée car vous avez l'air en pleine forme.
Je vous fais de gros bisous avant de vous en faire pour de vrai à votre retour.
Mamie
Boris m'a prise en photo à l'aéroport alors qu'on avait très peu dormi, c'était vraiment pas le meilleur moment pour me tirer le protrait. La forme est revenue, pas de soucis.
SupprimerGros bisous
Et voilà 2014 qui commence, un peu compliqué ces jours ci pour vous. J'espère que maintenant vous avez pu régler vos problèmes de cartes, ah ces banquiers ... Bonne route pour les jours à venir, un peu froid quand même la terre de Feu ...
RépondreSupprimerNous qui nous plaignions à Avignon dès que le mistral souffle trop fort !
Milles bises de tous les Chapellier ( Gilles et Marion ont eu une petite fille Roxanne )
C'est les aléas du voyages, on n'a pas à se plaindre se sont des problèmes mineurs. Tout est finalement rentré dans l'ordre, le voyage se poursuit toujours un peu dans la fraicheur mais au fur et à mesure que nous remontons le Chili les températures augmentent. La Patagonie est bien une terre de vent, ça décoiffe.
SupprimerBises à tous, félicitations à "Gilou" et Marion et bienvenue à Roxanne.